[Acceptée] Candidature Ebbo

Il est 6h, c’est un matin de printemps idéal. La lueur du soleil commence à peine à pointer le bout de son nez que déjà les pious grignotent par terre des miettes de pains fraichement déposée par les quelques fermettes formant ce village. La rosée fait scintiller de mille étoiles les douces orchidées freyesques ornant les parterres des maisonnettes. Tout est si calme. Tout est si beau. Bien sûr il y a toujours ce disciple feca, à la parure verte et jaune, posté non loin de moi. Il est si étrange celui-ci. Contrairement aux autres aventuriers, il reste toute la journée au même endroit. Je ne distingue pas vraiment ses intentions, mais depuis un certain temps, il est devenu muet. Il est là, droit comme un « I », flairant surement le moindre geste des aventuriers se présentant à lui…Mais personne ne vient à lui. Tout comme moi d’ailleurs.

Il est 9h, ce même matin, les villageois commencent à se faire sentir, un brouhaha émerge, de plus en plus de passant traversent devant moi, et comme tous les matins, personne ne fait attention à moi. Mais moi je fais attention à eux. J’ai remarqué que le feca est toujours là. Et sinon dans les allées, ça va ça vient…Mais encore, personne ne vient me voir. Oh Je ne m’en fait pas, non. C’est comme ça depuis que je suis là. C’est mon quotidien. Adossé contre cette maison, très charmante, à hauteur des fenêtres. Tous les matins j’y ai le droit : la tarte aux fraises refroidissant sur le bord de ma fenêtre, laissant dégager cette odeur que seules quelques grands-mères ont le secret de la donner à leur tarte. Quelle senteur ! La grand-mère habitant ici est d’une grande bonté, elle m’offre les parts dont la famille ne veut pas. C’est ma ration quotidienne. Elle seule pense à moi en réalité.

Il est 12h, ma souffrance va réellement commencer. C’est la panique complète au village. Tout le monde court, tout le monde cris. J’arrive à peine à distinguer quelques marchands qui hurlent les prix de leurs récoltes si fraichement récoltées.
-Achetez mes champignons 100 kamas l'unité ! Achetez mes champignons ! Ils sont beaux, ils sont frais!
Le monde afflux de plus en plus, je commence à m’angoisser, car tous les jours c’est la même chose. On ne me distingue pas. Et si on me distingue, c’est pour engloutir la vengeance de ces aventuriers. On me rue de coups, me jette toutes sortes d’objets dessus. Cela va de la simple « Poudre de perlinpainpain » au « Gros Boulet »… Ma journée commence à cet instant pour moi.

Il est 17h, c’est l’apogée de mes souffrances. Des gens se bouscule devant moi, se rentre dedans, s’insulte. Le marchand qui criait ce midi est encore là, et vend encore la même chose. Personne n’achète, il va rester là encore longtemps. Puis, contre toute attente, je remarque cette jeune fille accompagnée par son père. Visiblement ils ne sont pas d’ici. Ils ne ressemblent pas aux gens qui habitent ce village. Je vois cet homme lui murmurer à l’oreille quelque chose...Elle s’approche de moi, lentement, très lentement. Elle regarde à droite à gauche, surement pour éviter ceux qui courent partout. Elle continue d’avancer vers moi. Je regarde autour de moi, il n’y a vraiment personne, à part cet arbre et ce pot de fleur mais c’est tout. Elle continue encore d’avancer vers moi. Mon esprit est aux anges. Je suis enfin remarqué ! Elle me glisse délicatement un papier, puis repart. Elle ne m’a pas vraiment parlé mais elle est venue à moi. C’était un instant magique, comme il en existe très peu ici. Elle repart avec son père, et m’empresse de lire ce bout de papier. Je commence à lire. Ligne après ligne mon sourire semble s’abaisser peu à peu, puis totalement que je lis cette dernière, clôturant le parchemin : « Exemplaire à garder par le commanditaire du Contrat Meurtre du 26 Septange 639, réalisé par le Fëa’Xyon Laure ëyé, achevé le 27 Septange 639 ». Vraisemblablement cette lettre ne m’était pas destinée. Du statut de transparence, indifférence, je passe à celui d’erreur sur la personne. Pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir donné cette lettre. J’aurais préféré ne pas avoir eu celle-ci, histoire de ne pas trop me nourrir d’espoir vide.

Il est 21h, le calme semble être de retour, comme d’habitude à cette heure ci. Je remarque que le feca de ce matin a été remplacé par un autre, à la tunique bleu et blanche. Étrange. Le village devient désert, je vais passer une bonne nuit je pense, en compagnie de ce disciple Feca. Mais demain, on remet le couvert. Décidément dure la vie à la banque d’Astrub…pour une poubelle.

Ebbo

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